WARD JR - LA CONFRERIE DE LA DAGUE NOIRE - Tome 11 : Lover at Last

Lover at Last
JR Ward

Sortie chez Bragelonne le 21 mai 2014
Sortie chez Milday en format poche le 21 novembre 2014

Qhuinn, renié par les siens, a l’habitude de ne compter sur personne d’autre que lui. Ce paria de l’aristocratie s’est trouvé une nouvelle vocation en devenant un guerrier des plus efficaces dans la guerre que mène la race vampire contre la Lessening Société. Malgré tout, il est insatisfait. Alors qu’il pourrait obtenir une famille bien à lui, l ne ressent en lui qu’une vacuité – parce que son cœur s’est déjà dédié à un autre.

Après des années à souffrir d’un amour sans retour, Blay a fini par renoncer à Qhuinn. Il était temps ! Parce que le mâle s’est trouvé une femelle idéale, une Elue, avec laquelle il va avoir un enfant. La réalisation de son vœu le plus cher. Blay trouve la proximité du couple difficile, mais vivre dans l’utopie ne peut que provoquer de douloureux réveils. Il en a déjà fait l’expérience.

Le destin semble donc avoir définitivement séparé les deux soldats vampires… mais la bataille autour du trône s’intensifie, et de nouveaux arrivants à Caldwell représentent un danger mortel pour la Confrérie. Quand Qhuinn découvrira la véritable définition du courage, deux cœurs faits l’un pour l’autre pourront enfin fusionner.

Deux ans et demi que j’attends cette histoire avec une fébrilité et un manque jamais ressentis avec autant d’acuité auparavant, deux ans et demi à souffrir pour Qhuinn et Blay, à frémir avec eux, à vouloir désespéremment qu’ils soient enfin heureux et en paix avec eux-mêmes. Deux ans et demi (et je n’ose imaginer si j’avais commencé cette saga plus tôt ! ça aurait été cinq ans !!!!) durant lesquels Ward nous aura bien fait souffrir avec ces amants maudits. Leur histoire a débuté véritablement dans le tome 6 et depuis on en attendait désespéremment la conclusion. Et voilà c’est chose faite. Et quelle conclusion ! Ward ne s’est pas fichu de nous et nous a donné un tome à la hauteur de nos attentes, un tome poignant, émouvant, sensuel, incroyablement érotique et avec en prime une fin digne d’un conte de fée, une vraie HEA - Happily Ever After - comme disent les Anglo-saxons. ENFIN ! Lover at Last ! Jamais un roman n’aura si bien porté son nom…

L’histoire démarre directement après le tome 10. Voilà seulement une semaine que Layla a eu son appel et que Qhuinn l’a servi, une semaine qu’il s’est dit à lui-même qu’il était temps d’arrêter de se voiler la face et qu’il devait tout faire pour ramener Blay à lui. Et les évènements qui s’enchaînent au début vont encore renforcer cette résolution. En effet, après une escarmouche avec des lessers, Zsadist est gravement blessé et incapable de se dématérialiser, et Qhuinn se propose pour le ramener au manoir de la Confrérie dans un vieil avion trouvé sur place. Ils manquent tous deux de mourir et pour Qhuinn c’est la fois de trop. Et en pensant à ce qu’il est arrivé à Tohr, il se dit qu’il lui faut agir maintenant, et qu’importe que Blay soit toujours avec Saxton (en fait, les deux hommes se sont séparés mais il l’ignore). Mais Blay est difficile à convaincre. Comment croire que c’est définitif, que ce n’est pas une lubie de Qhuinn qui pense avoir changé sous le coup de l’émotion alors que ce n’est pas vraiment le cas. Pour Blay, Qhuinn n’est pas encore prêt à s’avouer ce qu’il est vraiment et ce qu’il veut être. Et ce n’est qu’après cette nécessaire introspection que les choses pourront vraiment commencer à changer….

Spoiler:

 

« — Pourquoi maintenant ? reprit Blay ? C’est peut-être toi qui veux te venger de Saxton ?
— Rien à branler de mon cousin ! Pour moi, il ne compte pas. Si tu étais seul, je serai quand même sur ce tapis, à genoux, à t’attendre. Je veux te baiser. Même si tu avais une compagne femelle, même si tu sortais avec tout ce qui est baisable sur la planète, même si tu étais dans un million de situations différentes… je serais quand même là, à tes pieds, à te supplier de me donner quelque chose, n’importe quoi - au moins une fois, même si c’est tout ce que tu as pour moi.(….)
— Je suis désolé si j’ai perdu tant de temps - et si tu ne veux plus de moi. Je comprends. Je vais te foutre la paix - je vivrai en assumant les conséquences de ce que j’ai fait. Mais pour l’amour du ciel, s’il y a encore une chance… quelle que soit la raison que tu aies - vengeance, curiosité… merde, même si ta seule raison d’accepter que je te baise est le plaisir de me foutre un pieu dans le cœur, je l’accepterai. Je te veux - à n’importe quel prix. Je te veux.
Pour la troisième fois, il fit une tentative - il tendit la main et remonta d’un geste sinueux le long de la jambe de Blay. Caressant. Suppliant.
— Je paierai n’importe quel prix… je m’en fous…
****
Penché sur Qhuinn, Blay était conscient de tout ce qui l’entourait d’une façon presque surnaturelle - la sensation de la main de Qhuinn sur l’arrière de sa cuisse, le frôlement du peignoir contre son mollet ; l’odeur du sexe qui s’épaississait dans l’atmosphère.
Il désirait ça depuis tant d’années ; il avait attendu ça toute sa vie - du moins, depuis qu’il avait survécu au change, ce qui lui avait permis de découvrir les pulsions sexuelles. Ce moment était la réalisation ultime de ses innombrables fantasmes, de ses rêves éveillés, de ses désirs les plus secrets.
Et la proposition était sincère. Il ne voyait aucun ombre dans les yeux dépareillés de Qhuinn - aucun doute. Le mâle n’exprimait que bonne vérité toute nue existant dans son cœur, il le savait. Ça ne lui posait même aucun problème de s’exposer ainsi, vulnérable.
Blay ferma brièvement les yeux. La soumission était à l’opposé de tout ce qui définissait Qhuinn en tant que mâle. Jamais le mec ne se rendait, il n’abandonnait rien, ni ses principes, ni ses armes ni lui, encore moi. D’un autre côté, cette volteface se comprenait plus ou moins. Affronter la mort avait tendance à pousser un être à vouloir régler ses comptes avec le ciel - effacer ses péchés.
Il y avait un seul problème : Blay sentait bien que ça n’allait pas durer. C’était bien gentil d’avoir une révélation, mais c’était juste à cause de l’accident d’avion, comme après une attaque cardiaque, sa « révélation » ne fera sûrement pas long feu. Ouais Qhuinn croyait en ce qu’il disait maintenant - il n’y avait aucun doute à cela. Mais c’était difficile à croire que ce sera permanent.
(….)
— Non ! Haleta-t-il.
Et tandis que sa voix résonnait dans son crâne, il résolut d’écouter ses conseils. Plus de risque. Cette histoire devait s’arrêter là.
Bien longtemps auparavant à cause de ce mâle, il avait perd son cœur.
Il se refusait à perdre aussi son âme. »

Et c’est juste sublime. On a enfin un Blay comme on l’attendait. Qui s’affirme et prend les choses en mains - à tout point de vue. Il avoue aussi à ses parents qu'il est gay dans une scène magnifique. On l’aimait auparavant mais là ça va encore au-delà.
Quant à Qhuinn, Ward n’a pas non plus joué la carte de la facilité en le transformant trop rapidement. Il pense avoir changé mais on découvre en fait qu’il n’en est rien, qu’il ne sait pas pourquoi il a agit ainsi dans le passé, qu’il ignore les stigmates profonds laissés par la négligence, voire même la haine, de ses parents. On découvre un Qhuinn bien plus blessé et vulnérable qu'il n'a été dépeint auparavant, un Qhuinn touchant comme jamais.

Toute leur histoire se déroule en trois jours (500 pages du roman), avant les deux semaines de réflexion et de révélation, et donc le Happy End d’une incroyable beauté, digne d’un conte de fée. On n’en attendait pas moins pour eux. Ils ont trop soufferts pour que l’on n’accepte pas la fin guimauve qui est la leur. Et on ne lève même pas les yeux au ciel. On se contente de dévorer chaque mots des étoiles pleins les yeux, émerveillé et le cœur serré devant tant de beauté. Enfin.

Ward nous ménage aussi beaucoup de suspense en coupant les chapitres juste au moment où ça devient intense et en intercallant les histoires secondaires comme à son habitude. Ici nous en suivons trois, d’inégal intérêt à mon goût.
Le must c’est toujours la Bande de Bâtards. Xcor poursuit ses machinations avec la glymera pour renverser la Confrérie. Parallèlement il continue à se morfondre d’amour pour Layla et ne peut s’empêcher de penser constamment à elle, ce qui donne lieu à une scène épique de masturbation, comme seule Ward a le secret. Ce qu’il ignore c’est que du côté de Layla c’est pareil. Elle est enceinte et malade comme un chien mais pense aussi tout le temps à Xcor, même si c’est son ennemi. Et ils sont là, tout le temps en parallèle, à penser l’un à l’autre, et c’est une véritable torture de se demander quand est-ce qu’ils vont enfin se revoir… Et c’est là que je me dis que non, la série n’est pas morte, loin de là. Ward a réussi, avec ce nouveau couple, à créer une nouvelle attente, une nouvelle fébrilité. Je suis complètement sous le charme de ce couple et que j’ai hâte de les voir plus, d’avoir le premier baiser de Xcor, ses premiers gestes de tendresse… Un énorme coup de cœur pour ce couple ! Chapeau Ward !
On suit également Assail qui essaye toujours de se faire une place parmi les barons de la drogue de Caldwell et qui trouve sur son chemin une nouvelle venue, une humaine tueur à gage, Sola…
Et enfin, Ward nous offre - et il était temps - un peu plus d’informations sur les Ombres et notamment Trez qui file un mauvais coton...

Ward nous avais dit que le prochain tome aurait pour héros celui qui rencontrera sa future ici. Or ils sont deux : Assail et Trez. Le mystère reste donc entier mais sera bientôt levé, à la prochaine séance de dédicaces…

J’ai juste une chose à dire en conclusion : Qhuay forever !!! D’autant que Ward s’est ménagée des moments pour qu’on puisse revoir nos petits chouchous. Layla n’en est qu’au tout début de sa grossesse et il leur reste encore une étape à franchir…