SCHONE Robin, un maître en romance érotique historique...

Robin Schone est sans conteste un maître dans son domaine. Ses histoires sont passionnées et passionnantes, elles nous font vibrer, pleurer et rire. On atteint un degré d’émotions que l’on rencontre rarement par ailleurs. Son secret : des personnages torturés et attachants, des intrigues bien menées et des scènes érotiques crues et sans fard. Rien d’étonnant donc à ce que son nom revienne souvent parmi nos auteurs favoris de romance érotique.
De fait la dame a compris la recette du succès et nous ressert dans chacun de ses romans les mêmes ingrédients mais disposés différemment de sorte que chaque histoire nous paraisse totalement originale. Les codes ont beau être identiques, Robin Schone parvient toujours à nous époustoufler avec ses histoires étonnantes et magnifiques.

Ses héros, tout d’abord, ont tous été profondément malmené par la vie. Ce sont de vrais êtres torturés, persuadés de ne pas avoir droit au bonheur.

Dans Initiation au harem, Connor/Muhamed a été castré à l’âge de 13 ans (dans l’histoire il a 53 ans et ne rêve que d’avoir un jour des rapports sexuels avec une femme, parvenir à la contenter et, plus difficile encore, parvenir à l’extase) et Meg, veuve de 47 ans, a été durement repoussée par son mari.

Dans La lady et le soldat, Abigail a 30 ans et n’arrive pas à trouver sa place dans la société puritaine de l’époque victorienne.

Dans Voyage au jardin des sens, Elizabeth végète dans un mariage malheureux, auprès d’un mari absent et indifférent et des enfants peu reconnaissants.

Dans L’Amant de mes songes, Anne est vierge à 36 ans. Obligée de s’occuper de ses parents vieillissants et malades, personne ne s’est jamais intéressé à elle et, au contraire, elle a souvent essuyée à chaque sortie dans le monde des moqueries. Pas très gâtée par la nature, elle est donc persuadée qu’elle ne peut susciter le désir chez un homme et qu’elle est obligée de payer pour ça. Comme elle le dit, « personne ne désirait une vieille fille de 36 ans sauf si elle payait ».

Michael n’est pas en reste. Devenu orphelin, il a été brutalisé et torturé par son oncle (et quelles tortures ! une horreur…) jusqu’à ce qu’il parvienne à se sauver. Parvenu en France, il rencontre Gabriel qui devient son meilleur ami, et tous deux sont pris en main par une maquerelle. Michael apprend alors à contenter les femmes et il se révèle particulièrement doué pour ça. Il connaît le succès en tant que prostitué et pas une seule fois il ne regrette ce passé. Cela lui a permis de survivre et il en a aimé chaque instant. Mais alors qu’il est âgé de 35 ans un drame survient et il perd la femme qu’il aimait dans un incendie. Il est du même coup sévèrement brûlé. Désormais les femmes le fuient et il se retire du monde pendant 5 ans jusqu’à ce qu’on vienne le chercher pour Anne. Aussi, tout comme elle, il se demande « comment peut-on le désirer en toute connaissance de cause ».

Et que dire de Gabriel ? On sent une telle douleur chez cet homme, un tel traumatisme. Impossible de patienter jusqu’à la parution du tome en français (qui n’est d’ailleurs toujours pas prévu) et nous avons donc dévoré ce second volet en anglais, Gabriel’s woman. Alors que Michel avait été entraîné pour satisfaire les femmes, Gabriel a dû s’occuper des hommes. Mais contrairement à Michel il n’y trouve aucun plaisir. Après avoir été violé par deux hommes, il refuse pendant des années tout rapport physique avec des êtres humains et ne cherche qu’à se venger. L’arrivée d’une femme désespérée et déterminée à vendre sa vertu dans son club va tout bouleverser…

Tous ses personnages ont donc particulièrement soufferts et Robin Schone parvient à nous faire ressentir avec une empathie particulièrement forte leur douleur. On se surprend plusieurs fois à avoir le cœur serré, la gorge nouée et les larmes aux yeux. Pour Initiation au harem et Gabriel’s woman, ce sont même de véritables sanglots qui interrompent notre lecture. On ressent avec force la douleur de ne pas trouver sa place dans le monde, de ne pas être beau, jeune, mince, parfait, « normal », de souffrir d’un complexe d’infériorité qui nous pourrit l’existence. Ses personnages se détestent et, pour certains, se dégoutent. Et Robin Schone nous offre à chaque fois une belle leçon de vie en nous montrant que tout le monde peut être désiré et trouver le bonheur. Mais si ! Allez on y croit ça n’arrive pas que dans les romans !

Sur son site Facebook, Robin Schone écrit avoir beaucoup hésité avant de créer ses personnages de Connor et de Gabriel (l’un est un eunuque et l’autre un prostitué pour homme). Elle craignait un accueil négatif du public pour ces personnages hors normes. Etrangement, ce sont les deux personnages qui ont eu le plus de succès, qui ont eu la préférence du public. Et on comprend sans peine pourquoi !

On retrouve également toujours le même style d’écriture, si particulier. Robin Schone privilégie les phrases courtes, voire très courtes. Des expressions et des mots sont répétés inlassablement, comme autant de phrases chocs destinés à capter l’attention du lecteur sur ce qui est important, sur ce qu’il faut ressentir. Le récit n’est donc pas fluide. Mais cela ne gêne pas, bien au contraire. La « brutalité » de l’écriture n’est là que pour souligner la brutalité de l’expérience vécue et l’intensité de la douleur ou du plaisir.

Parce qu’il s’agit enfin incontestablement de plaisirs. Quelle différence existe-t-il, pourrait-on se demander, entre la romance classique et la romance érotique ? Après tout, les scènes érotiques ne sont pas absentes des romances, bien au contraire !

En fait, la différence essentielle réside dans l’intensité et la fréquence des scènes érotiques. Elles sont très nombreuses, mais attention jamais superflues, et très directes, très explicites, très crues, sans toutefois tomber dans le porno de bas étage. L’émotion est plus qu’au rendez-vous ! D’autant plus que Robin Schone est incontestablement un maître dans l’art de l’érotisme. Toutes ses histoires sont des récits initiatiques dans lesquels un homme très expérimenté enseigne à une femme sans ou avec peu d’expérience l’art d’aimer, de donner du plaisir et d’en recevoir. La palme revient sans doute ici à Lord Safyre qui initie Elizabeth grâce à son immense expérience et des traités arabes d’art érotique (Voyage au jardin des sens). Encore que, dans La lady et le soldat, le capitaine Coally n’est pas en reste : en voulant se protéger d’un orage, il entre dans une maison isolée et découvre Abigail en pleine lecture de nouvelles pornographiques éditées dans un périodiques la Perle (il en existe une récente édition française et croyez-moi notre génération n’a rien inventé en matière de sexe !). Il décide donc de l’initier en se servant des récits pornographiques ! Les héros de Robin Schone sont donc toujours inégaux en matière sexuelle. Pour autant, au final, l’initiation transforme les deux personnages en leur permettant de s’ouvrir l’un à l’autre, puis au monde extérieur.

On retrouve aussi toujours les mêmes pratiques sexuelles, mais toujours présentées de façon très sensuelles et empreintes d’émotions intenses. La sodomie par exemple est une constante dans ses histoires. Et on retrouve là encore une différence essentielle entre la romance classique et la romance érotique : les pratiques sexuelles sont plus diverses et présentées sans tabous (même le bondage et le sadomasochisme mais pas chez Robin Schone) alors que dans les romances classiques de telles pratiques ne sont souvent présentes qu’en tant que « vices » des méchants de l’histoire. La seule exception peut-être qui me vient à l’esprit est Le désir et la haine de Rosemary Rogers : Marissa et Dominique pratiquent la sodomie (sans jamais vraiment la nommer toutefois) mais juste parce que Marissa a connu une telle expérience lorsqu’elle a été enlevée dans un harem.

Les histoires de Robin Schone sont donc écrites pour nous toucher et nous exciter. Et elle y réussit parfaitement bien, et sur les deux tableaux ! La lecture de ses romans est toujours un vrai moment de bonheur !

Extraits d'Initiation au harem :

"Impulsivement, Megan posa les lèvres sur les siennes.
Lèvres closes. Yeux ouverts. Elle frissonna.
La brûlure irradia de son ventre jusqu’à sa bouche, enflamma ses seins plaqués contre le torse lisse, embrasa son vagin. Elle s’écarta, le souffle court.
- Je n’ai jamais embrassé une femme, dit-il.
Lui aussi avait le souffle court.
- ça te plait ? Chuchote-t-elle.
Elle se sentait dépassée, vulnérable, comme une toute jeune femme. Emue. Tellement émue….
- Oui, répondit-il sèchement.
Nullement découragée par sa rudesse, elle prit son visage entre ses mains et s’aperçut qu’il avait la douceur d’une peau fraîchement rasée. Puis, délibérément, elle pressa sa bouche contre la sienne. Les lèvres de Muhamed happèrent les siennes sans retenue.Surprise. Plaisir. Il appuyait sa langue entre elles, comme s’il voulait forcer cette barrière. Megan ouvrit la bouche. Il lécha le bout de sa langue, puis l’intérieur de ses lèvres. Nouvelle vague de chaleur. Immense. Dévastatrice. Megan jouit d’un seul coup, sa bouche dans la sienne, son vagin contracté autour de son sexe. Un orgasme bref mais violent. "

"Son cœur se serra. Cette femme, qu’il avait accusée d’être trop vieille pour être une prostituée, l’avait embrassé. Elle lui avait caressé les cheveux pendant qu’il explorait la douceur de ses seins.Elle lui avait fait découvrir le miracle de la fusion entre un homme et une femme. L’éblouissement et la honte se mêlaient en lui. Jamais il ne s’était senti autant un homme que lorsqu’il était entré en elle. Jamais il ne s’était senti plus vulnérable que lorsqu’il avait avoué quarante ans de peur, d’angoisse à l’idée qu’il ne pourrait jamais combler une femme sexuellement. Et qu’aucune femme ne pourrait le combler. Finalement, c’est elle qui était venue cueillir sa vie entre ses mains. "