CARIO Daniel - Les bâtards du diable

Les bâtards du diable
Daniel Cario

Éditeur : Presses de la Cité
Sorti le 11 octobre 2018

Quatrième de couverture :

Est-ce le hasard ou le diable qui les a fait se rencontrer ? Pourquoi le jeune séminariste enquête-t-il sur cette femme cachée au fond des bois ? Pour lui pardonner ce qu'elle lui a fait ?
Il y a pourtant des vérités qu'il vaut mieux laisser aux ténèbres...
La veine noire de Daniel Cario.

En 1958. Dans une maison isolée au plus profond de la forêt, une femme tient captif un jeune homme d'une vingtaine d'années. Démence, vengeance... Que lui veut-elle ? Elle va jusqu'à abuser de lui. Après des jours de doutes, d'angoisses et d'émotions troubles, Silvère Lavarec parvient à fuir. Mais comme pour redonner à cette pauvre âme égarée –qui a contre toute attente réveillé ses sens endormis – une certaine dignité, le religieux veut reconstituer l'histoire de celle dont il a découvert par hasard l'identité : Blandine de Quincy. Sous le sceau du secret de la confession auprès de ceux qui l'ont connue, Silvère entrevoit peu à peu le chemin qui a conduit cette femme de trente-six ans, bien née, vers la folie, la solitude et l'obsession de la maternité. Car sa vie est une succession de tragédies et de violences...
La mission de Silvère, aussi charitable soit-elle, n'est-elle pas risquée ?
Car il ne le sait pas encore, mais il est déjà damné...

Descente aux enfers pour un homme de Dieu

Mon avis :

Un livre donc chaque page tournée nous amène un peu plus loin en Enfer... Tout commence lorsque Silvère, qui se destine à la prêtrise, est blessé par un sanglier et se réveille dans une chambre fermée, où il est sanglé sur un lit par une femme étrange. Sa geôlière ne lui parle pas, ne lui explique rien, le soigne et le nourrit d'un côté, mais l'humilie de l'autre, jusqu'à le contraindre à avoir des rapports sexuels avec elle. Or Silvère a un rapport très ambigu avec les femmes et la sexualité. Élevé par un couple très bigot, qui dès sa plus tendre enfance l'a manipulé (il n'y a pas d'autre mot) pour qu'il choisisse la prêtrise, il a eu de plus vécu des expériences traumatisantes dans son adolescence, entre une camarade abusive qui a exercé sur lui ses pulsions sadiques, exacerbant sa tendance au masochisme, et une scène entre la simplette du village et des fils de notables. Il éprouve presque un sentiment de répulsion envers son propre appareil génital, qui le dégoûte. Pour moi, Silvère est clairement un enfant abusé mentalement, alors lorsque son étrange geôlière lui fait découvrir le plaisir, sa vie vole en éclats. Il n'ose se confier à personne, il a trop honte, et pourtant il veut savoir, alors il enquête sur cette femme.
Mais il est peut-être des vérités qu'il vaudrait mieux laisser dans l'ombre, et la plume incisive et noire de l'auteur nous entraîne sur un chemin terrifiant, imprévisible, pour une conclusion que Silvère aurait peut-être préféré ne jamais connaître...
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